Élodie Bonin

Découvrez l’incroyable parcours d’Edward Steichen, une figure incontournable de l’histoire de la photographie. De ses débuts en tant que photographe de mode à ses exploits en tant que directeur du département de photographie du MoMA, Steichen a marqué de son empreinte l’évolution de l’art photographique au 20ème siècle. À travers ses expositions emblématiques comme The Family of Man et The Bitter Years, il a su capter l’humanité dans toute sa diversité et sa complexité, tout en contribuant à façonner la photographie humaniste. Dans cet épisode de Nicéphore, plongez dans l’œuvre d’un artiste dont l’influence résonne encore aujourd’hui. Une rétrospective inédite, entre émotion, histoire et photographie, vous attend.

Edward Steichen, iconographe d’art

À 21 ans, en 1898, Steichen expose ses premières œuvres au salon de Philadelphie, aux côtés de grands photographes comme Alfred Stieglitz, marquant ainsi le début de sa carrière exceptionnelle dans le monde de la photographie d’art.

En 1900, il rencontre Alfred Stieglitz à New York, et intègre l’Académie Julian à Paris, où il se plonge davantage dans l’art de la photographie. Rapidement, il abandonne ses études pour créer sa série iconique Grands Hommes, qui inclut des portraits d’artistes célèbres tels qu’Auguste Rodin, consolidant ainsi sa réputation en tant que photographe portraitiste de renom.

Après deux ans passés à Paris, où il expose et devient membre du Linked Ring en 1901, il retourne aux États-Unis. Aux côtés de Alfred Stieglitz, il cofonde le mouvement Photo-Secession et contribue activement à Camera Work.

En parallèle de sa carrière photographique, Steichen travaille à la galerie 291 à New York, où il expose des artistes de renom. Marié à Clara Smith, il partage son temps entre l’Europe et les États-Unis. En 1910, il participe à l’exposition internationale de Buffalo, avant de se détacher du Photo-Secession pour se concentrer sur sa carrière individuelle.

Steichen, iconographe de mode et de guerre

En 1911, Edward Steichen reçoit une commande révolutionnaire de Lucien Vogel, propriétaire de Art et Décoration. Il réalise onze photographies des robes de Paul Poiret pour accompagner l’article « L’art de la robe » de Paul Cornu, illustré par Georges Lepape

Avec cette série, Steichen établit la photographie de mode moderne, alliant beauté artistique et potentiel commercial. Cependant, cette avancée est interrompue par la Première Guerre mondiale, un tournant décisif dans la carrière de Steichen.

En 1915, Edward Steichen initie la Straight Photography, un mouvement prônant des images réalistes et sans manipulation. Ce changement, influencé par les horreurs de la guerre, reflète la quête de vérité dans l’art. En 1917, il devient lieutenant dans la section photographique de l’armée américaine, supervisant la photographie de reconnaissance aérienne en France.

Après la Première Guerre mondiale, Edward Steichen traverse une crise personnelle, abandonne la peinture et se concentre sur la photographie réaliste. En 1923, il devient photographe en chef de Vogue et Vanity Fair. Il crée une esthétique chic, caractérisée par des éclairages francs et des compositions graphiques, immortalisant des icônes du cinéma comme Greta Garbo et Marlene Dietrich, ou encore la danseuse contemporaine Marthe Graham.

Deux œuvres emblématiques marquent cette période : la première couverture couleur de Vogue en 1932 et le portrait célèbre de Gloria Swanson derrière une dentelle noire.

À 60 ans, Edward Steichen rejoint la Seconde Guerre mondiale en 1942 comme responsable de l’unité photographique navale. En 1944, il réalise The Fighting Lady¹, un documentaire primé par un Oscar. À la fin de la guerre, il devient directeur de l’unité photographique des combats navals, puis de l’Institut photographique naval.

Steichen, directeur du département de photographie au MoMA

En 1947, Edward Steichen devient conservateur du MoMA et crée The Family of Man², une exposition humaniste qui réunit 503 photographies de 273 photographes, attirant plus de 10 millions de visiteurs.

En 1962, il supervise The Bitter Years, une série de photographies sur la Grande Dépression, comprenant plus de 200 photographies de la Farm Security Administration

Steichen meurt le 25 mars 1973, à deux jours de son 94ème anniversaire. En 2006, son cliché The Pond-Moonlight (1904) se vend pour 2,9 millions de dollars, devenant l’une des photographies les plus chères du monde.

¹ The Fighting Lady (1944) I Airboyd
² Human Version Cinéma I Human Le Film

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