Imogen Cunningham est une figure incontournable de la photographie du XXe siècle. Audacieuse et visionnaire, elle a marqué l’histoire avec ses portraits expressifs, ses nus artistiques et ses photographies botaniques d’une précision inégalée. À travers cet article, plongez dans la vie et l’héritage de cette artiste révolutionnaire, qui a su imposer son regard unique dans un monde dominé par les hommes.
Les débuts d’une artiste (1883-1910)
Née en 1883 à Portland, Imogen Cunningham grandit dans un environnement où l’éducation est une priorité. Son père, libre-penseur, l’encourage à développer ses talents artistiques dès son plus jeune âge. Elle découvre la photographie à 18 ans, mais c’est à l’université de Washington qu’elle s’y intéresse sérieusement. Grâce à son professeur Horace Byers, elle apprend la chimie du tirage et finance ses études en réalisant des diapositives pour le département de botanique.

En 1907, diplômée en chimie, elle intègre le studio du photographe Edward Curtis, où elle perfectionne ses techniques d’impression au platine. Deux ans plus tard, elle part en Allemagne pour rédiger une thèse sur les papiers photographiques, renforçant ainsi ses compétences scientifiques appliquées à la photographie.
Une femme photographe indépendante (1910-1920)
De retour aux États-Unis en 1910, Imogen ouvre son propre studio à Seattle. Son travail pictorialiste, influencé par Alfred Stieglitz et Gertrude Käsebier, lui vaut rapidement une renommée locale. Mais elle ne se limite pas aux conventions : ses portraits capturent l’essence même de ses sujets, et ses nus, loin d’être provocants, révèlent une approche naturaliste et respectueuse du corps.

Imogen Cunningham (1911)

Imogen Cunningham (1910)
En 1915, elle épouse l’artiste Roi Partridge et met sa carrière en pause pour élever leurs trois enfants. Malgré cette parenthèse, elle continue d’expérimenter et publie une série sur le nu masculin qui suscite la controverse. En 1917, la famille s’installe à San Francisco, où elle rencontre des artistes influents comme Edward Weston et Dorothea Lange, qui l’incitent à adopter un style plus moderne et épuré.


Une vision moderne et précise (1920-1940)
Dans les années 1920, Imogen Cunningham s’éloigne du pictorialisme et adopte une approche plus réaliste. Elle se passionne pour la photographie botanique et réalise des clichés d’une précision extraordinaire, comme son célèbre « Magnolia Blossom ». Ses images se distinguent par leur netteté et leur composition innovante, annonçant l’essor du modernisme photographique.

En 1932, elle cofonde le Groupe f/64 avec Ansel Adams et Edward Weston, prônant une photographie pure, sans retouche ni artifice. Parallèlement, elle devient une portraitiste prisée des célébrités : Frida Kahlo, Martha Graham et Cary Grant passent devant son objectif, contribuant à sa renommée internationale.

Imogen Cunningham (1929)

Imogen Cunningham (1931)

Imogen Cunningham (1931)
Une vision novatrice et engagée
Après son divorce en 1934, Imogen s’installe à New York, où elle travaille pour Vanity Fair et explore la photographie de rue. Son regard curieux la pousse à expérimenter de nouvelles techniques comme la solarisation et la superposition.


En 1943, elle retourne à San Francisco et devient enseignante à la California School of Fine Arts, où elle influence une nouvelle génération de photographes. À plus de 70 ans, elle continue d’innover et, dans les années 1960, s’essaie au Polaroid, prouvant une fois de plus son insatiable créativité.
Les années 1960 consacrent enfin son immense contribution à la photographie. Elle reçoit de nombreux honneurs, dont un doctorat honorifique et une journée à son nom à San Francisco. À 90 ans, elle lance son dernier projet, « After Ninety », une série de portraits de personnes âgées, témoignant de son regard bienveillant et humain.

Imogen Cunningham (1973)

Imogen Cunningham (1973)

Imogen Cunningham (1973)
Imogen Cunningham a su, tout au long de sa carrière, repousser les limites de la photographie. De ses premières expérimentations à son engagement pour une photographie moderne et authentique, elle a marqué l’histoire par son talent et son audace. Son héritage, perpétué par l’Imogen Cunningham Trust, témoigne de son impact indélébile sur l’art photographique.
