Élodie Bonin

Découvre la fascinante trajectoire de Lee Miller, une figure incontournable de l’histoire de la photographie. De mannequin à Paris, où elle collabore avec Man Ray, à photographe indépendante aux États-Unis, elle révolutionne l’esthétique de la mode. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle devient correspondante de guerre pour Vogue, immortalisant des moments historiques et poignants, comme la libération de camps de concentration et le chaos du Débarquement en Normandie. Son cliché emblématique dans la baignoire d’Hitler incarne le choc de l’après-guerre.

À travers cet épisode, plonge dans la vie extraordinaire de Lee Miller, entre art, audace et résilience, et explore l’impact durable de son œuvre sur le photojournalisme et la photographie surréaliste.

Élevé dans une famille américaine aisée, Lee Miller (1907-1977) est marquée par un viol qu’elle subit à 7 ans. Une expérience qui influence profondément son rapport à l’intimité et son futur travail artistique.

À 19 ans, Lee quitte est repérée par Ralph Steiner, un photographe de Vogue. Sa beauté lui permet notamment de poser pour Harper’s Bazaar et le New York Times, tout en côtoyant écrivains, peintres et photographes. Cette carrière lui apporte indépendance et émancipation.

Lee Miller : Photographe surréaliste

En 1929, Lee Miller quitte les États-Unis pour s’installer à Paris, épicentre de l’art avant-gardiste. Elle y croise des figures majeures comme Pablo Picasso, Marcel Duchamp et surtout Man Ray. Leur collaboration donne naissance à des œuvres surréalistes emblématiques, notamment grâce à la solarisation. En tant qu’assistante, muse et artiste, elle joue un rôle clé dans les créations de Man Ray, tout en développant son propre style distinctif.

Après son mariage avec Aziz Eloui Bey en 1934, Lee s’installe au Caire, où elle photographie les paysages désertiques. Son cliché Portrait of Space (1937) illustre son désir d’évasion et son lien avec le surréalisme. Cette période marque une transition vers des compositions minimalistes, tout en maintenant ses échanges avec le milieu artistique parisien.

Triste de son mariage et du manque d’intérêt de sa nouvelle vie, Lee quitte Aziz. Elle déménage alors à Londres pour partager la vie du peintre et poète : Roland Penrose.

Lee Miller : Correspondante de Guerre

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Lee devient correspondante de guerre pour Vogue. Mais malgré des preuves indéniables de son talent, Lee Miller fait face à des obstacles pour accéder aux zones de combat actives. Bien que jugée inapte pour un tel danger en tant que femme,Lee persiste. Appuyée par des recommandations, dont celle de son collègue David E. Scherman, photographe pour Life, elle obtient en 1942 une accréditation de correspondante de guerre pour l’armée américaine.

Le 6 juin 1944, Lee Miller est l’une des rares femmes à couvrir le Débarquement en Normandie. Ses photographies montrent un chaos palpable : plages jonchées de débris, soldats blessés, mais aussi des moments d’espoir entre militaires et civils. Ce reportage mêle l’intensité de la violence à l’humanité de la libération.

Le 25 août 1944, Paris est libéré. Lee Miller capture l’euphorie des Parisiens, mais aussi les cicatrices de l’Occupation. Avec une sensibilité unique, elle immortalise ces moments complexes, naviguant entre émotion et distance journalistique.

En août 1944, Miller est en première ligne à Saint-Malo lors de l’assaut américain sur cette forteresse allemande. Exposée aux tirs, elle capture la destruction totale de la ville historique, ainsi que la souffrance des habitants piégés par le conflit.

En 1945, Lee Miller suit l’avancée alliée en Allemagne. Ses photos documentent la destruction de villes comme Cologne et Nuremberg, mais aussi la découverte des camps de concentration. À Dachau et Buchenwald, elle photographie l’horreur : charniers, fours crématoires, et survivants dévastés. Ces images marquent durablement l’histoire et témoignent de l’ampleur du génocide.

Le 30 avril 1945, après avoir visité Dachau, Lee Miller se rend à Munich et entre dans la résidence personnelle d’Adolf Hitler. Elle réalise une image devenue iconique : elle-même dans la baignoire du dictateur, ses bottes sales posées sur le tapis. Ce cliché, pris par David Scherman, symbolise à la fois une vengeance personnelle et une purification après les horreurs des camps.

error: © Élodie Bonin - Tous droits réservés