Depuis le XIXème siècle, la photographie post-mortem s’est imposée comme une manière poignante de commémorer les défunts. Comment ces images, à la fois fascinantes et troublantes, témoignent-elles du rapport intime de cette époque à la mort ? Et pourquoi, malgré leur caractère dérangeant, continuent-elles de susciter un intérêt croissant auprès des chercheurs et des passionnés de photographie ?
Dès la civilisation mésopotamienne (3500 av.J.-C), les arts post-mortem ont accompagné les familles à faire leurs deuils (portrait funéraire, masque mortuaire, portrait ant-mortem, portrait mortuaire).
En 1839, la photographie entre dans le quotidien des familles. Ces images sont utiles aux grands évènements de la vie. La mort en fait partie, d’autant plus en raison du fort taux de mortalité infantile.
En 1854, le format photo-carte est breveté et commercialisé. Son créateur, Eugène Disdéri, l’utilise alors pour ses photographies post-mortem. Ce format est utilisé pour être envoyé aux proches du défunts, ne pouvant se rendre aux funérailles.
Au XX° siècle, la photographie post-mortem familiale se raréfie à cause de l’accessibilité de l’appareil photo. Tandis que la photographie d’un défunt était la seule image existante du proche, elle se noie désormais dans les multiples souvenirs fixés sur le papier. D’autant plus que les personnes ne décèdent plus à domicile, ce qui complexifie la pratique.
À la fin du XIX° siècle, les revus et journaux publie les portraits post-mortem des politiques, religieux et artistes. Parmi ceux-ci : Victor Hugo, Gustave Doré, Eugène Carrière, Auguste Rodin, Marcel Proust, Paul Valéry, Jean Cocteau.
La « tradition » de la photographie post-mortem populaire entre peu à peu en contradiction avec le droit à la vie privée du défunt. Cela n’a cependant pas empêché Paris-Match d’être poursuivit à trois reprises pour les diffusions des portraits post-mortem de Rachel (1858), Jean Gabin (1980) et François Mitterand (1996).
Depuis plusieurs décennies, notre civilisation refoule la mort, ce qui cause la perception macabre que nous avons de l’art mortuaire.
Malgré un tel déclin, les photographes contemporains n’hésitent pas à se saisir du sujet pour questionner la place de la mort dans la société actuelle, tels que Rudolph Schäfer (Totengesichter, 1986), ou encore Andres Serrano (The Morgue, 1992).
Au-delà d’un usage purement artistique, la photographie post-mortem est encore présente dans notre quotidien, et parfois fortement utile:
Le milieu médicale également développe des réflexion et démarches techniques traitant de l’imagerie post-mortem.
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Quelques références :
PHOTO POCHE (2007), Post mortem, éd. Actes Sud.
NADAR (1899), Quand j’étais photographe, éd. Actes Sud, coll. Babel.