Élodie Bonin

Cameron

la 1ère femme photographe
avant-gardiste

Dans Annales de ma maison de verre, Virginia Woolf dresse un portrait admiratif et mystérieux de sa grand-tante, Julia Margaret Cameron, pionnière de la photographie ayant défié les conventions victoriennes. Née en 1815 à Calcutta, Cameron, imprégnée de cultures orientales et occidentales, découvre la photographie à 48 ans et fait de ses proches et célébrités les modèles d’un langage visuel inédit. Malgré les critiques, elle transforme le flou en art, capturant l’essence de son temps. Inspirée par Woolf, explorez ici l’héritage fascinant de cette artiste avant-gardiste qui, par son regard, réinventa la photographie.

Julia Margaret Cameron, 
Henry Herschel Hay
 (1870)

Julia Margaret, fille d’Adeline de l’Étang et James Pattle, et petite-fille du chevalier Antoine de l’Étang, naît le 11 juin 1815 à Calcutta. 

Entre quelques voyage familiaux en France et en Angleterre, Miss Pattle vie majoritairement aux Indes, plongée dans la culture orientale.

En 1838, Julia Margaret épouse Charles Hay Cameron, de 20ans son aîné. Il est philosophe, propriétaire de plantations de café et de caoutchouc, et juriste de l’administration coloniale britannique.
Il s’établissent ensemble dans l’actuel Sri Lanka. Ensemble, ils auront 12 enfants.  

Dix ans après leur mariage, Mr Cameron prendre sa retraite. De suite, le couple déménage en Angleterre. Mrs Cameron y retrouve ses sœurs dont Sarah qui possède un salon littéraire. Là bas, Julia Margaret développe un réseau d’amis artistes connus.

En 1868, Le couple Cameron achètent trois maisons à Freshwater Bay. C’est là bas, qu’à 48 ans, Julia Margaret Cameron se voit offre un appareil photo par sa fille aînée. 

Dès les premiers jours, Julia Margaret désignes ses visiteurs, employés et paysans voisins comme modèles. Sa cave à charbon est transformé en chambre noire et son poulailler en serre pour devenir un studio¹. Sa première photographie qu’elle considère comme « réussit » est prise le 29 janvier 1864 : « Annie, mon premier succès ».

En seulement une année, Julia Margaret devient une référence incontournable de l’ère victorienne². Mais ce n’est pas sans critiques acerbes à son égard. Ses détracteurs l’accusent de ne pas assez maîtriser la technique photographique.

Et pourtant, Julia Margaret Cameron revendique ce flou comme la considération que l’objectif est doué de sa propre volonté. C’est ainsi qu’elle crée le « flou artistique ».

Son art lui permet également de s’affranchir de la bienséance britannique. Pour Julia Margaret, la photographie est l’occasion de casser les codes de la respectabilité et de la morale sexuelle.

"The Rosebud Garden of Girls", 
Julia Margaret Cameron (
juin 1868)

Julia Margaret réalise de nombreux portraits de célébrités, chose rare pour l’époque. 

La photographe fait un également un travail de représentation historique et religieuse. En s’inspirant de scènes bibliques ou d’œuvres Shakespearienne, elle transforme ses modèles en Vierge Marie, Angelot, Muses, Princesses, Rois (Lear, David, Arthur) et chevaliers³.

"Marianne North in Mrs Cameron's house", 
Julia Margaret Cameron (
1877)

À 85 ans, Mr Cameron se retire, peu friand de la société qui s’amasse autour de sa femme. Ajouté à cela, le couple rencontre des difficultés financière, ce qui les poussent, en 1875, à repartir pour les Indes.

Dès son retour à Ceylan (Sri Lanka), Julia Margaret Cameron entame un travail ethnographique aux aspects documentaires en photographiant la population locale.

En 1879, Julia Margaret meurt à Ceylan, à l’âge de 63ans, un an avant le décès de son mari.

Découvre aussi…

Quelques références :

CAMERON, J.M. (1874), Annales de ma maison de verre, éd. Casimiro.

GERVAIS, T., et MOREL, G. (2011), La Photographie : histoire, techniques, art, presse, éd. Larousse.

PRODGER, P. (2018), Victorian Giants : the birth of art photography, éd. National Portrait Gallery.

The George Eastman House Collection (2010), Histoire de la Photographie : de 1839 à nos jours, éd. Taschen.

WEISS, M., SPRINGER, L. (2023), Julia Margaret Cameron : capturer la beauté, éd. Silvana Editoriale.

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